Zum Hauptinhalt springen

Eclairage public

La pollution lumineuse ne cesse d’augmenter en Suisse. Selon l’OFEN, les émissions lumineuses ont plus que doublé depuis le milieu des années 1990.

L’éclairage public représente généralement 1 à 2% de la consommation électrique d’un territoire communal, mais pour la commune elle-même, les coûts sont de l’ordre de CHF 7.- à 40.- par habitant et par an selon l’association LAMPER. Des investissements parfois coûteux sont nécessaires pour moderniser, réduire, voire éteindre les routes la nuit, car il faut souvent séparer les câbles d’alimentation des réverbères des autres, afin de centraliser la commande à un seul endroit.

Routes communales

Dans le cadre des réflexions sur la transition énergétique, la place de l’éclairage nocturne des routes a été au centre des discussions dans les communes du Jura bernois. Plusieurs d'entre elles ont assumé leur rôle d’exemplarité en éteignant l'éclairage des routes communales à certaines heures de la nuit.

Un investissement aux retombées concrètes et rapides

Les mesures bénéficient cependant d’un très fort soutien de la population. Les études prouvent désormais que l’extinction nocturne n’a pas augmenté la criminalité ou le nombre d’accidents. Bien au contraire, les conducteurs réduisent leur vitesse en conséquence, de l'ordre de 10%. Par ailleurs, les avantages de l’obscurité sur la faune et le sommeil de la population n’est plus à démontrer.

Ce mouvement d’extinction est en cours depuis plus de dix ans dans la région, grâce notamment à l’impulsion du Parc régional Chasseral, qui a accompagné la mise en œuvre auprès de nombreuses communes et organisé plusieurs événements sur ce thème depuis 2012.

Financièrement, les retombées sont immédiates. A Saint-Imier, par exemple, l’extinction de l’éclairage public entre minuit et 5h a permis de réduire la consommation de 28% sur le quatrième trimestre 2022 comparé à l’année précédente, soit plus de CHF 5'000.- qui seront investis pour la modernisation de l’éclairage public. Cette baisse s’ajoute à d’autres économies liées à la modernisation des installations et à une gestion individualisée des éclairages. En plus des économies d’énergie, une utilisation moindre des luminaires devrait prolonger leur durée de vie.

Régler et optimiser en continu

Extinction ou pas, les communes disposent d’autres marges de manœuvres pour réduire la consommation des réverbères et améliorer leur efficacité : régler la sensibilité des cellules photo-sensibles qui commandent des interrupteurs crépusculaires, abaisser l’intensité lumineuse, espacer les sources lumineuses, les orienter vers le bas, éteindre l’éclairage des monuments historiques à partir de 21h, moderniser les luminaires (bureaux, écoles, terrains de sport, halles de gym), etc.

Entreprises et particuliers ont également leur rôle à jouer, puisque 12% de l’électricité utilisée en Suisse sert à l’éclairage (OFEN, 2017). Les réclames lumineuses et les vitrines doivent être éteintes de 22h à 6h (Art. 27a OCEn). Un éclairage intelligent et efficient repose sur plusieurs paramètres qui constituent autant de marges de manœuvre: nécessité de l’éclairage, intensité, couleur de la lumière, positionnement et orientation des sources lumineuses, gestion dans le temps, ou encore mise en place d’écrans protecteurs pour limiter la diffusion de la lumière.

Routes cantonales

Du côté des routes cantonales, la politique d’éclairage est définie par le canton. Depuis 2013, l’Office des Ponts et Chaussées (OPC) met en œuvre sa stratégie d’éclairage « à la demande » pour les 2'100 km de routes qu’il exploite. Celle-ci repose sur des lampadaires LED «intelligents» qui modulent leur intensité lumineuse en fonction de la fréquentation. A ce jour (2023), la moitié des 25'000 lampadaires sont équipés de cette technologie qui permet d’économiser 90% d’électricité.

L'extinction de l'éclairage des routes cantonales relève de la compétence exclusive des autorités cantonales. En 2022, le Conseil d’Etat neuchâtelois a par exemple signé un arrêté temporaire autorisant les communes à éteindre les routes communales et cantonales de minuit à 5h du matin au minimum, passages piétons y compris, comme mesure d’économies d’énergie. Suite à son efficacité (économies estimées à 35%) et à son succès, la mesure a été prolongée d’une année.

Dans le canton de Fribourg, le "Plan lumière" du Conseil d'Etat impose même l’extinction de l’éclairage public entre minuit et 5 heures d'ici à 2028.

Toutefois, du côté du Canton de Berne, le Conseil-exécutif s’oppose à une extinction totale de l’éclairage des routes cantonales.

Projet-pilote hiver 2023-2024

Début 2023, le comité de Jb.B a écrit au Canton afin de demander la réduction, voire l’extinction de l’éclairage public des routes cantonales à certaines heures de la nuit, dans le but de réduire la consommation d’énergie, limiter la pollution lumineuse et s’aligner sur les initiatives de certaines communes d’éteindre l’éclairage des routes communales la nuit. Dans sa réponse du 5 avril 2023, le Conseil-exécutif s’est dit prêt à réaliser un essai-pilote pendant le semestre hivernal 2023-2024 afin de réduire au strict minimum l’éclairage nocturne sur les routes cantonales pour environ 5 communes du Jura bernois.

Le projet-pilote se déroulera sur cinq mois, entre les deux changements d’heure, à savoir du 29 octobre 2023 au 31 mars 2024. Six localités sont concernées par cette mesure: Tramelan, Bévilard, Prêles, Sonvilier, Nods et Cormoret.

Concrètement, il s’agira de maintenir l’éclairage des routes cantonales au minimum (5% de sa puissance) en continu de 0h30 à 5h30, à l’exception des passages pour piétions qui, pour des raisons de sécurité, seront éclairés à 30% de la puissance maximale, également en continu. En-dehors de cette plage nocturne, le profil d’éclairage actuel sera maintenu: 6% de la puissance + augmentation à 30% en cas de détection de trafic. Avant 20h, la puissance est réglée sur 30%, avec augmentation à 50% selon le trafic.
A l’issue de ce projet-pilote, une évaluation sera faite par Jb.B, en collaboration avec l’OPC et les communes concernées, afin d’évaluer notamment les économies d’énergie, l’impact sur la vitesse du trafic, ainsi que l’acceptation de cette mesure par la population. Les enseignements de cette phase-pilote seront pris en compte dans les réflexions sur les futures optimisations de l’éclairage public des routes cantonales. Le Canton pourra notamment évaluer la pertinence de poursuivre cette mesure et de l’étendre à d’autres communes.